jeudi 26 juin 2014

LES COURTIERS EN CRÉDIT CONTRAINTS DE MUSCLER LEUR JEU.

Les banques cherchent à réduire ou à contenir la place des courtiers. Ces derniers s’estiment incontournables et leur secteur se consolide.

Longtemps silencieux, le bras de fer commence à faire du bruit. Les banques se montrent de plus en plus claires dans leur volonté de remettre au carré leurs relations avec les courtiers en crédit immobilier. Une source interne au groupe Crédit Mutuel souligne que la part de ces prescripteurs, à l’origine de 40 % de la production actuelle de prêts de la banque, devra passer à 20 % (« Les Echos » du 19 mai). « Les banques mutualistes sont généralement plus difficiles que les réseaux nationaux », remarque un bon connaisseur du métier. Sans aller toutes aussi loin, « les banques souhaitent a minima contenir la part de crédit apportée par les courtiers dans sa proportion actuelle, autour de 35 % », souligne un bon connaisseur du métier. « La barrière à l’entrée est plus haute pour les petits courtiers, alors que certaines banques se recentrent sur trois ou quatre grands partenariats », souligne Philippe Taboret, directeur général Adjoint de Cafpi.


Pas d’apporteurs de listes


Les stratégies varient forcément d’un réseau bancaire à l’autre, mais des tendances lourdes se dessinent. Alors que se pose la question de la viabilité des réseaux d’agences, donner trop de poids aux courtiers reviendrait pour les banques à diminuer l’activité de leur propre réseau. Ensuite, les banques ne veulent pas être cantonnées au rôle de « robinet à crédit ». Certains courtiers les ont déçues en n’étant que des « apporteurs de liste ». Or le crédit immobilier est un produit d’appel pour la banque, pas une fin en soi. Elle recherche des emprunteurs qu’elle pourra ensuite équiper d’autres produits d’épargne. La « transformation commerciale » du client ? Elle repose entièrement entre les mains de la banque, estime-t-on côté courtiers. Pour eux, le client ne peut pas être a priori enfermé dans une relation avec la banque prêteuse. S’il passe par un courtier, c’est que les habitudes de consommation ont profondément évolué. « Le recours au courtage est tout simplement une nouvelle donne de marché, une attente des clients », estime Hervé Hatt, président de Meilleurtaux.com

« Lettres de noblesse »




Pour réussir à tenir la dragée haute à leurs partenaires bancaires, les courtiers sont tout de même contraints de muscler leur jeu. L’évolution récente des textes les y a « encouragés ». « La réglementation nous a donné nos lettres de noblesse », reconnaît Philippe Taboret. En mars dernier, sur les 4.151 courtiers bancaires recensés par l’Orias (organisme parapublic enregistrant notamment les intermédiaires en assurance, ou en opération de banque), seuls 74 % sont parvenus à renouveler leur inscription pour cette année, contre par exemple 99 % pour les agents d’assurance. « Les professionnels non renouvelés n’ont pas pu, dans la plupart des cas, justifier des conditions requises », a souligné alors l’Orias. Cette hécatombe a fait réagir du côté des indépendants, qui s’estiment directement visés, n’ayant pu s’immatriculer faute de pouvoir présenter les « bons » documents administratifs requis par l’Orias. Certains des recalés pourraient dans un deuxième temps travailler pour les « gros » réseaux de courtiers, qui cherchent justement de nouveaux franchisés pour grandir.



Edouard Lederer / Journaliste au service Finance | 

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